Controverse: un cinéma de Miami Beach menacé de fermeture après avoir programmé un documentaire sur la colonisation israélienne en Cisjordanie

Deux semaines après avoir remporté l’Oscar du meilleur documentaire, le film No Other Land, qui porte sur la colonisation israélienne en Cisjordanie, continue de faire des vagues aux États-Unis.

Il y a quelques jours, le maire de Miami Beach a menacé d’expulser le cinéma d’art et d’essai O Cinema, situé dans un immeuble municipal, parce que ses dirigeants avaient programmé des projections du film. 

Dans un message envoyé aux résidents de la ville, le maire Steven Meiner a décrit le documentaire israélo-palestinien comme «une attaque propagandiste unilatérale et mensongère contre le peuple juif, incompatible avec les valeurs de notre ville».

Lui même d’origine juive, Steven Meiner a ajouté qu’il souhaitait aussi retirer les subventions accordées au O Cinema.

Cette décision a suscité de nombreuses critiques. Dans une lettre ouverte publiée lundi, plus de 600 artistes, dont l’actrice Marisa Tomei et les cinéastes Michael Moore et Barry Jenkins, ont qualifié les menaces du maire de Miami Beach «d’attaques contre la liberté d’expression» et de «violation du premier amendement de la Constitution des États-Unis».

Réalisé par un collectif israélo-palestinien, le documentaire No Other Land relate la démolition de villages palestiniens par l’armée israélienne, au sud de la Cisjordanie. Malgré une première annulation provoquée par les pressions du maire, les dirigeants du O Cinéma ont finalement décidé de maintenir les projections du film.

Ignoré par les distributeurs américains

Il reste que le sujet de No Other Land effraie une grande partie du milieu du cinéma américain. Malgré son Oscar remporté il y a deux semaines, aucun distributeur n’a accepté de diffuser le film à l’échelle nationale aux États-Unis et seulement une poignée de salles indépendantes ont accepté de le programmer.

En remportant l’Oscar du meilleur documentaire il y a deux semaines, les réalisateurs du film ont livré un des seuls discours politiques de la soirée en critiquant la diplomatie américaine et en demandant la fin «du nettoyage ethnique» des Palestiniens.

«Je souhaite à ma fille de ne jamais avoir à vivre la vie que je vis, avec tant de violence, tant de destruction de maisons», avait lancé sur scène le Palestinien Basel Adra.

La situation est très différence chez nous. Sorti au Québec le 7 mars dernier, No Other Land est présenté dans plusieurs cinémas de Montréal, dont le Cinéma du Parc, le Cinéma du Musée et le Cinéma Moderne.

«Les salles sont bien remplies et le film est très apprécié par notre communauté. Nous n’avons que des commentaires positifs», a fait savoir au Journal Jean-François Lamarche, directeur de la programmation des Cinémas Beaubien, du Parc et du Musée.