Si seulement Brian Mulroney revenait…


Comme des millions de Québécois et de Canadiens, je me réjouis des innombrables bienfaits que nous apporte internet depuis 1990.

Internet est une invention merveilleuse, mais toutes les applications et toutes les sources de références auxquelles le web donne accès sont américaines. Au moment où le web envahissait nos maisons, Brian Mulroney, qu’on avait élu premier ministre avec une majorité inédite, négociait le libre-échange avec le président américain Ronald Reagan. Mulroney et Reegan, deux bons Irlandais! When Irish Eyes are smiling…

Je m’étais réjoui aussi lorsque le CRTC approuva la «substitution simultanée». Elle permet aux réseaux canadiens de présenter à la même heure qu’aux É.-U. des émissions américaines en les accompagnant de messages commerciaux «locaux», vendus à bien meilleur prix que s’ils accompagnaient de modestes émissions canadiennes.

Je ne pouvais imaginer alors que la plupart des téléspectateurs anglophones en viendraient à ne plus faire de distinction entre les séries américaines et canadiennes. Pire encore, que les anglophones finiraient par croire que si une série est aussi bonne que Schitt’s Creek ou Rookie Blue, c’est qu’elle est américaine!

Les grimaces de Trudeau

À part la fois où Jean Chrétien refusa d’attaquer l’Irak avec les Américains et à l’exception des grimaces qu’a faites Pierre Elliott Trudeau à Richard Nixon – décidément les grimaces sont une tradition chez les Trudeau –, Américains, Canadiens et Québécois ont toujours marché main dans la main. Nous avons oublié depuis longtemps qu’ils nous avaient envahis en 1775 et en 1812!

Comme nous étions si amis, nous nous vassalisions le sourire aux lèvres pendant que sur le vieux continent, des millions de personnes abattaient le mur de Berlin pour retrouver leur identité et se soustraire à l’influence de Moscou. Il y a quelques mois seulement, faire une comparaison entre la volonté hégémonique de Moscou et celle de Washington aurait été d’une grande absurdité. Mais les actes et les propos de Donald Trump et de son entourage rendent maintenant la comparaison tristement plausible.

L’exception culturelle

Au moment des négociations de libre-échange entre Reagan et Mulroney, quelques commentateurs plus méfiants – ou plus visionnaires – avaient fait part de leurs craintes de voir notre économie s’intégrer de plus en plus à l’économie américaine. Ils voyaient aussi d’un mauvais œil la télévision américaine envahir nos maisons et les vedettes américaines reléguer à l’arrière-plan, sinon aux oubliettes, les artistes canadiens.

Au Québec, personne, même pas les souverainistes purs et durs, ne percevait pareille intégration aux États-Unis comme un obstacle à notre culture et à notre identité. D’autant plus qu’on avait pris soin de négocier une «exception culturelle» dans le traité de libre-échange.

Maintenant qu’on sait que le président Donald Trump n’a de respect pour aucune convention, les Québécois sont tout aussi inquiets que les anglophones de leur identité et de leur avenir culturel. Et Brian et Ronald qui n’y sont plus!



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