
Ariane Roy est consciente que Dogue, son nouvel album, arrive dans un contexte sociopolitique explosif, compte tenu des menaces existentielles que fait peser Donald Trump sur le Canada et de la énième crise financière qui frappe le milieu culturel québécois.
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Cela la fait-il réfléchir à son rôle d’artiste? «À 100%», répond-elle sans hésiter.
«Je suis effrayée, angoissée par ce qui se passe comme je ne l’ai jamais été», admet-elle dans une entrevue avec Le Journal qui a eu lieu au studio du Pantoum, le quartier général d’à peu près tout ce qui grouille de musiciens, à Québec.
«Dans ces moments-là, on peut avoir tendance à ressortir le cliché que je fais juste de la musique et je ne suis pas en train de sauver des vies. Or, en ce moment, on dirait que c’est tout l’inverse. On dirait que la musique est la seule réponse que j’ai face à ça. C’est ma forme de résistance.»
Ariane Roy, aux Francos de Montréal, en 2023.
Photo d’archives Mario Beauregard/Agence QMI
«Je ne sais pas, poursuit-elle, si les gens réalisent ce que la culture, dans des moments de crise comme ça, des moments de fin du monde, apporte dans notre vie. Quand on va au théâtre, qu’on va voir un film, quand on est dans son char dans le trafic en revenant d’une journée déprimante et que tu entends Tenir debout à la radio et que pendant trois minutes, ça soulage une certaine pression, ça montre la valeur inestimable de l’art.»
Rupture de ton
L’une des artistes musicales les plus douées de la nouvelle génération de porteurs du flambeau de la chanson québécoise francophone, Ariane Roy a rapidement décidé qu’on ne l’enfermerait pas dans une case.
Trois ans après une entrée en matière résolument pop-rock sur le tonifiant Medium plaisir, l’artiste de Québec est déjà rendue ailleurs.
Plus urbain (Âmes sœurs), plus expérimental (Mordre) et viscéral (Agneau), flirtant sur quelques titres avec de l’électronique digne d’une boite de nuit (Tous mes hommages et I.W.Y.B.), son second album prouve en dix titres que le surplace ne fait pas partie de sa définition de ce qu’est un artiste.
«J’avais envie d’une rupture de ton avec le premier album. Je ne voulais pas absolument que ce soit différent, mais j’avais envie d’explorer ce qui est en dormance en moi artistiquement. Je ne pense pas que ça vaille la peine d’écrire deux Ce n’est pas de la chance», explique l’autrice-compositrice-interprète de 28 ans
Ne pas se baigner dans la même piscine
En fait, Medium plaisir venait tout juste de voir le jour que deux mois plus tard, «j’avais déjà envie de composer autre chose».
«Ce n’est pas que je renie ce que j’ai fait. C’est plutôt que j’ai tout le temps envie de découvrir et me plonger dans quelque chose d’autre. Peut-être que je me fatigue rapidement, mais je pense que c’est effectivement important pour moi qu’on ne m’associe pas qu’à une seule facette.»
Ariane Roy au studio du Pantoum, où elle a enregistré son album «Dogue», à Québec.
Photo Didier Debusschère
À cet effet, elle dit s’inspirer d’artistes comme la Torontoise Saya Gray (Ariane a raison, son album Saya est un bijou, NDLR). «J’aime les artistes dont la discographie renferme des univers différents. Après, les gens suivent ou pas. On va toujours perdre des gens et en gagner d’autres. C’est le propre de l’art d’essayer de voir où je peux aller sans tout le temps me baigner dans la même piscine», lance-t-elle, en riant de sa métaphore improvisée.
- Dogue, d’Ariane Roy, en vente le 21 mars.
- En concert au Club Soda de Montréal, le 18 juin 2025, et à l’Impérial Bell de Québec, le 17 octobre 2025.
- Pour toutes les dates: arianeroy.ca
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