100e anniversaire: voici 10 séries télévisées animées ou écrites par Janette Bertrand

Janette Bertrand a toujours été avant-gardiste. Dès ses débuts à la télé, elle a su se distinguer par son franc-parler, son ouverture aux autres et ses observations judicieuses sur notre société. Pas étonnant que l’animatrice ait été élue Miss Radio-Télévision en 1964. C’était avant de faire le saut en écriture télévisuelle où elle a largement contribué à faire changer les mentalités. Retour sur son parcours en 10 émissions.

Toi et moi (1954-1960 à Radio-Canada)

Janette Bertrand a souvent mis en scène des situations du quotidien. Sa vie personnelle a d’ailleurs souvent été intimement liée à ses œuvres télévisuelles. Elle est l’autrice principale de cette comédie de situation qu’elle signait avec son mari. Elle a souvent dit que sa contribution était mineure, mais que le nom d’un homme devait figurer à l’époque au générique comme auteur. On la retrouve avec Jean Lajeunesse dans des mises en situation humoristiques qui dépeignent leur vie familiale. Leurs filles, Dominique et Isabelle, y participent aussi. On peut dire que c’est un peu l’ancêtre d’Un gars, une fille. Et les débuts d’un couple mythique à l’écran.

Adam ou Ève (1961-1966 à Télé-Métropole)

Ce quiz animé par Janette et Jean Lajeunesse consistait en un affrontement entre maris et femmes. On y présentait des entrevues cocasses, des jeux, des mises en situation, des questions de culture ou d’habileté. Les concurrents courraient la chance de gagner des prix et une pomme d’amour dont la cagnotte grossissait. Évidemment, Janette et Jean se taquinaient allègrement sur ce qui opposait les hommes aux femmes. On voit que Janette avait déjà le sens de la répartie.

Quelle famille! (1969-1974 à Radio-Canada)

Une fois de plus, la famille Bertrand-Lajeunesse était réunie à l’écran. Y compris le chien, Macaire! Janette écrivait les chroniques du quotidien d’une famille bien de son temps, les Tremblay du quartier Rosemont, avec ses préoccupations et les défis qui s’ouvraient à eux. Elle y abordait déjà des questions de couple plus délicates, l’émancipation des femmes, le fossé intergénérationnel, ou même des préoccupations de leurs enfants. Il n’y avait aucun tabou. Leurs vrais enfants, Isabelle et Martin, en étaient aussi des vedettes. Fait intéressant, l’émission a suscité l’intérêt des Français qui ont diffusé la série sur leurs ondes.

Parle, parle, jase, jase (1974-1975 à Télé-Métropole)

Avant Réal Giguère, le couple Janette Bertrand et Jean Lajeunesse a animé ce talkshow quotidien où les invités artistiques et les personnalités de l’heure se prêtaient aux entrevues. Il y avait aussi des discussions de société, des segments culinaires, des jeux. Janette qui avait aussi animé Comment? Pourquoi? y développe davantage ses talents d’intervieweuse.

Janette veut savoir (1979-1982 à Télé-Métropole)

Son talent d’intervieweuse et de vulgarisatrice, elle l’a mis de l’avant en solo avec ce talkshow avant-gardiste qui s’inscrit dans la continuité du travail qu’elle avait amorcé comme journaliste. Proche des gens, elle les sondait directement afin de répondre à leurs questions. La prémisse est simple, si vous voulez le savoir, Janette veut le savoir aussi et elle va inviter les meilleures personnes pour y répondre. Exit les vedettes, bienvenues aux spécialistes et aux gens du public qui partagent leurs expériences. Sur son grand canapé, Janette est chaleureuse. Son approche est directe. Encore là, aucun sujet ne l’effraie. Janette fait son style.

Grand-papa (1976-1979 à Radio-Canada)

Contrairement à la plupart des séries qu’elle a écrites jusqu’à cette époque, Janette n’apparaît pas dans Grand-papa. Elle offre le rôle-titre à Jean Lajeunesse qui incarne un veuf, Charles-Henri Lamontagne, horloger retraité, père de plusieurs enfants, qui exerce un contrôle sur sa famille. Autoritaire et entêté, il est habité par la peur de s’ennuyer.

SOS J’écoute (1982-1984 à Radio-Québec)

Toujours dans un but d’éduquer la population et de démystifier des sujets silencieux, Janette crée la prémisse de ses Grands A avec ce téléroman qui suit le quotidien de deux intervenants d’un centre d’appel. On y aborde la solitude, les abus, le suicide, l’alcoolisme, le viol. Évidemment, les gens au bout du fil sont désespérés et cherchent une oreille attentive. Marie Tifo et Gilles Renaud en sont les interprètes.

Parler pour parler (1984-1994 à Radio-Québec)

C’est avec ses grandes tablées où l’on discutait de sujets sérieux autour d’un repas que Janette a beaucoup fait évoluer la société. Elle a exposé la sphère privée publiquement pour faire changer les mentalités en assoyant à une même table des gens majoritairement inconnus concernés par un sujet. Les discussions mettaient en lumière des sujets dont on avait souvent peu ou pas entendu parler. C’est le cas de la transidentité ou des mères porteuses. C’était un lieu où les invités venaient exprimer leurs émotions. C’est d’ailleurs une des premières tribunes où l’on a vu des hommes se livrer à cœur ouvert. On ne peut oublier la présence de Violette, incarnée par Diane Jules, qui s’occupait du service et venait ponctuer le repas de réflexions dans lesquelles le public néophyte se reconnaissait.

L’Amour avec un grand A (1986-1996 à Radio-Québec)

Autre émission phare de notre télévision. Janette a écrit cette série dramatique choc qui mettait en lumière des problématiques graves de notre société. La fiction peut avoir beaucoup de pouvoir et on l’a vu à la suite de plusieurs des diffusions. Un épisode abordait la différence d’âge dans le couple, un autre la découverte de l’homosexualité, ou encore la violence conjugale, l’échangisme, la schizophrénie, le viol collectif, l’amour et la maladie, le deuil, l’inceste, les gourous ou le jeu compulsif. Les dialogues étaient percutants, certaines scènes pouvaient être dérangeantes parce que criantes de vérité. Cette série a provoqué plusieurs discussions. Elle a aussi offert de belles partitions à de nombreux acteurs qui s’y sont démarqués.

Écrire sa vie! (2020 à MAtv)

Pendant la pandémie, Janette a invité les aînés à replonger dans leurs souvenirs et leur vécu et à prendre la plume pour en écrire quelques bribes. Un petit geste pour inspirer les gens à se raconter, à partager leur parcours précieux, à entreprendre leur autobiographie. Parce qu’on ne donne pas suffisamment la parole aux aînés, Janette a une fois de plus amorcé un beau geste. Dans ces capsules (que l’on trouve aussi sur YouTube), elle partage ses conseils et des techniques d’écriture. Elle aurait reçu plus de 400 biographies à la suite de cette émission.