Viols, traumatismes et exil: voici un thriller glaçant de l’écrivaine française Johana Gustawsson intitulée «Les morsures du silence»


Romancière française mariée avec un Suédois et installée depuis quelques années en Suède, Johana Gustawsson lance ce printemps Les morsures du silence. Ce thriller glaçant, implacable, aborde des thèmes qui sont chers à l’autrice. À travers une histoire mordante, elle s’interroge sur la vie d’expatriée, la notion de consentement et les traumatismes et les répercussions d’un crime sur la vie d’une victime et sur celle de ses proches. Un mal insidieux qui peut traverser les générations.


Johana Gustawsson


L’écrivaine française Johana Gustawsson participera au Festival Montréal Mystère le 24 et le 25 mai et présentera son nouveau thriller.


© Éditions Calmann Levy

Dans cette histoire, un ado est retrouvé, le crâne fracassé, sur l’île de Lidingö. Il est vêtu d’une aube blanche et coiffé de bougies: le costume traditionnel pour fêter la Sainte-Lucie. Il y a 23 ans, une jeune fille avait aussi été découverte, assassinée, au même endroit, dans le même costume traditionnel.

Son amoureux avait été condamné pour ce meurtre qu’il a toujours nié. Était-il innocent? Est-il possible que le véritable coupable ait frappé à nouveau?

Le commissaire Aleksander Storm, aidé de la policière française Maïa Rehn, qui vient de s’installer en Suède, va tenter de démêler les fils de cette énigme. Peut-être mettra-t-il à jour des secrets enfouis depuis longtemps.

Sa vie d’expatriée

Johana Gustawsson, une Française du sud de la France installée depuis quelques années en Suède, s’inspire de son nouvel environnement pour écrire. «J’ai eu le désir de parler avec honnêteté de ma vie d’expatriée et des différences de culture qu’il y a entre la culture française, et même provençale, d’où je viens. On est dans une culture très ouverte, beaucoup dans le contact et tournée vers l’autre», explique-t-elle en entrevue.

«La culture scandinave et suédoise est tournée vers soi. C’est une culture qui m’a donné l’impression – mais en fait ce n’est pas le cas – de ne pas m’accepter en tant qu’étrangère. Ça fait trois ans et demi que j’y suis, mais j’ai passé un an et demi, deux ans à me sentir rejetée par cette culture-là.»

«En fait, je me suis rendu compte que ce n’était pas du rejet, juste de la différence, et ce sont des gens qui n’ont pas l’habitude d’aller vers les autres. Ils créent des clans. Ils fonctionnent comme ça. Ils sont plutôt réservés, timides même.»

Elle s’est dit que ça lui ferait beaucoup de bien et que ce serait cathartique de parler de son expérience, à travers le personnage de la commissaire française Maïa, dans le roman. «À travers ses yeux à elle, je voulais dessiner la culture suédoise.»

Le consentement

Johana Gustawsson ajoute qu’elle s’approche de la cinquantaine et qu’elle s’autorise à dire davantage ce qu’elle pense, à pousser des cris du cœur.

«Les morsures du silence aborde le problème du consentement et le traitement des victimes de viol. C’était très important pour moi d’en parler. De parler de toutes ces victimes qui, finalement, comme la citation en début du livre, se retrouvent avec un cœur arraché qu’elles doivent essayer de replanter ailleurs.»

«On ne se remet, je pense, jamais, d’une agression sexuelle. J’avais envie d’en parler, sans donner de leçon: c’est un thriller, c’est pas fait pour ça. Mais je voulais en parler par l’angle des personnages. En parlant des victoires de femmes et d’homme qu’un drame comme cela déchire et détruit.»

Elle voulait aussi parler du deuil d’un parent qui perd son enfant, «le pire de tous». «Je voulais essayer de mettre des mots sur la douleur, sur le manque, sur la reconstruction.»

Les morsures du silence

Johana Gustawsson

Éditions Calmann Levy

320 pages

  • La Française Johana Gustawsson s’est fait un nom sur la scène du polar international en seulement trois romans.
  • Sa série Roy et Castells a été cédée en onze langues et est en cours d’adaptation télévisuelle.
  • On lui doit aussi L’île de Yule et Te tenir la main pendant que tout brûle.
  • Elle participera au Festival Montréal Mystère le 24 et le 25 mai.

«Il neige sur le lac Kottla.

Cela fait des années que je n’ai plus vu la neige tomber sur Lidingö. Les quelques jours que nous passions sur l’île à Noël étaient froids, mais rarement blancs. Et là, assise à la fenêtre du Vattenverket, cette ancienne usine hydraulique reconvertie en café, je la vois tisser son manteau. Les flocons, denses et rapides, ressemblent à des flèches dardées dans l’eau noire qui devrait geler d’ici quelques semaines.»

– Johana Gustawsson, Les morsures du silence, Éditions Calmann Levy

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