
Grand défenseur de notre télé, Alexis Durand-Brault s’attaque à des sujets costauds tant comme producteur que comme réalisateur. Mégantic, Désobéir: le choix de Chantal Daigle, Portrait-robot, Projet innocence n’en sont que quelques exemples. Il apprivoise le doute dans chaque projet, il mise sur des projets ambitieux, des factures visuelles léchées et des milieux en marge des zones plus connues. Mr Big en est un bel exemple. François Arnaud incarne un enquêteur de l’unité Mr Big qui organise des coups montés afin d’obtenir les aveux de suspects de crimes graves non résolus. Une sorte de comédie noire qui met en vedette des personnages fascinants dans des mises en scène où le vrai flirte avec le faux.
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Mr Big, ce sont des opérations qui existent. Qui est arrivé avec cette idée?
L’autrice Marie-Hélène Lafortune. Elle a développé le projet avec la productrice au contenu Isabelle Lauzon. Elle a écrit un texte qui était très solide, mais à l’époque, le sujet était traité plus «à la 19-2». J’avais l’instinct avec Sophie [Lorain, coproductrice] qu’il fallait en faire un «Ocean 11». Pour son côté bubbly. Dans les dernières années, j’ai travaillé sur des projets sérieux et lourds. J’avais besoin d’air et d’être diverti. Comme artiste, j’avais besoin d’un projet cool. Il y a beaucoup de shows lourds en ce moment. Il faut donner quelque chose de divertissant au public en ces temps difficiles.
À quoi as-tu eu accès pour dépeindre ce milieu de façon crédible?
J’ai rencontré un agent double qui a fait plus de 80 Mr Big dans sa vie. Tout est bigger than life. C’est un gars qui a l’air d’un motard, qui a une intelligence incroyable, une habileté sociale tellement forte et beaucoup d’humour. L’intelligence criminelle existe et il nous a dit savoir quand il avait affaire à de vrais malades. Il nous disait que pour pogner quelqu’un, il devait l’aimer, s’y attacher. Il devait comprendre sa cible, ses souffrances. D’ailleurs, le premier Mr Big [le premier épisode] porte sur un gars qui a eu une enfance épouvantable. Mais il a quand même tué deux personnes. C’est inspiré d’une histoire vraie.
Tu embauches fréquemment des talents moins connus pour des rôles principaux. Dois-tu te battre pour certains de tes choix?
Les diffuseurs sont plutôt cool. Je n’ai pas eu à me battre ni pour Éléonore Loiselle (Désobéir) ni pour Julie Trépanier (Mégantic). Véronique Perron a tout cassé en audition. J’essaie d’avoir des nouveaux visages sur chaque show. Dans ce cas-ci, on avait déjà des têtes d’affiche comme François Arnaud et Guillaume Cyr. Je fais beaucoup d’auditions. Je travaille avec la directrice de casting Karel Quinn. Il y a tellement de talent au Québec. La compétition est forte et il y a toujours des gens auxquels on ne pense pas. J’aime aussi offrir des castings à des gens qu’on n’attend pas. Marc St-Martin [dans l’épisode 2] est incroyable. Notre talent créatif, c’est comme le pétrole des Albertains!
Tu t’es amusé beaucoup avec les couleurs pour camper cet univers.
J’ai voulu jouer avec les couleurs primaires, ce qu’on ne fait jamais en télé. Les polars sont généralement plus feutrés. Je me suis demandé ce que Tarantino ferait. Même si l’univers est tough, je voulais que ça ne soit pas lourd. J’ai dit à l’équipe: faut que ça pop! On a des bleus purs, des murs rouges.
illico+
On a affaire à des acteurs qui jouent des policiers qui jouent la comédie pour coincer des suspects. Des cibles pour lesquelles on peut avoir de l’empathie. Quelle atmosphère régnait sur le plateau?
Contrairement à ce que les gens peuvent penser, c’était un plateau très sérieux. Le ton a été délicat à trouver. Il ne fallait surtout pas tomber dans l’absurde. Si quelqu’un fait une joke, on ne pousse pas. Par exemple, voir le Loup [Fred-Eric Salvail] faire du tricot fait sourire. Jeff [François Arnaud] doit moduler tout le temps ses émotions. Le texte est très soutenu et doit être enchaîné rapidement pour ne laisser place à aucune question. Il joue avec les émotions, des fois, ça passe juste dans le regard. Un agent nous a dit avoir deux personnalités et que faire semblant l’avait émotivement brûlé. On a eu beaucoup de conversations, François et moi. Ça a été une vraie belle rencontre artistique.
Mr Big
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