
«J’ai tout misé, moi, à l’époque. C’était un gros sacrifice.» Plus de 25 ans après avoir traversé l’Atlantique pour espérer lancer sa carrière en Europe, Anthony Kavanagh se souvient des difficultés qu’il a rencontrées.
Quelques années après avoir lancé son premier spectacle au Québec, Kavanagh!, Anthony Kavanagh avait déjà les yeux sur le Vieux Continent, à la fin des années 1990. Et question de faire les choses correctement, il avait décidé d’aller faire plusieurs allers-retours à Paris pour travailler avec Pascal Légitimus et mieux connaître les Français.
«Pendant un an, je me payais un à deux billets d’avion par mois, raconte Anthony. Le tiers du temps, Pascal me recevait chez lui. Mais les deux autres tiers, j’étais à l’hôtel et c’était moi qui payais tout: la bouffe, les taxis, les machins.»
«Je posais des questions aux Français, je les observais, je regardais la télé et j’allais au théâtre […]. Il n’y a pas 1000 recettes. Si tu veux réussir en France, il faut que tu t’y installes. Il faut que tu aies les bonnes références. C’est tout.»
«Personne n’y croyait»
Quand il a fait son premier spectacle, une vitrine communément appelée «showcase», Anthony a constaté beaucoup d’adversité. «Je pensais que ça allait être génial et que ça marcherait, mais tous les gros producteurs français étaient là et personne n’y croyait.»
«Je les entendais dire que je ne faisais pas de l’humour, que c’était un show de variétés. Je parle, je chante, je fais des imitations, je parle en anglais, je suis black, j’ai des cheveux longs avec des rastas, j’ai un nom anglophone. Je suis québécois et ils disaient que personne ne croirait ça. Il y a beaucoup de gens qui pensaient que c’était un personnage, le black québécois. Ils pensaient que j’étais français et que c’était un personnage que j’avais créé.»
«Tu risques tout»
Anthony Kavanagh comprend les artistes québécois qui hésitent à tenter leur coup en France. «C’est un énorme sacrifice. Tu es loin de ta famille, de tes amis, tu es loin de tout, tu risques tout. […] Les gens ne réalisent pas tout ce que ça implique, la fatigue, les décalages incroyables. Tu t’ennuies de ta famille, tu manques des bouts, tu reviens et les enfants ont grandi. Ce sont des choses que tu ne peux pas rattraper. Heureusement qu’il y a FaceTime.»
Aujourd’hui, Anthony Kavanagh reconnaît qu’il y a beaucoup plus de ponts entre la France et le Québec, ce qui était moins le cas il y a 25 ans.
«Il y a des collaborations qui commencent à se faire [entre les humoristes]. Il n’y avait pas ça à mon époque. […] Aussi, quand j’ai commencé là-bas, le stand-up, ce n’était pas la norme. Les gens me demandaient pourquoi je parlais au public. Pour la génération [française] actuelle, c’est le stand-up qui domine. Il y a plein de comedy clubs.»
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